Deux parcours de femmes amoureuses à l’Opéra de Tours, l’un tragique, l’autre léger
« En me confiant la mise en scène de ces deux oeuvres, Jean-Yves Ossonce (le directeur de l’Opéra de Tours) m’a recommandé de ne pas chercher de rapport entre elles… Bien entendu, j’en ai trouvé« , plaisante la soprano Catherine Dune, qui fait ses grands débuts de mise en scène à Tours.
« Cela fait partie des missions de nos maisons: parcourir des parties du répertoire moins fréquentées et permettre de découvrir des artistes, ou d’autres facettes de leurs talents« , explique le directeur de l’Opéra de Tours.
« Avec La Voix Humaine et L’Heure Espagnole, sur des registres triste et joyeux, on a deux oeuvres caractéristiques de la musique française, une musique fragile de deux compositeurs qui sont dans la pudeur musicale« , expose Jean-Yves Ossonce, qui aura pour l’occasion sous sa baguette l’Orchestre symphonique de la région Centre.
– Compte à rebours –
Pour Catherine Dune, les deux oeuvres présentent deux femmes « confinées et prises dans un compte à rebours« .
« A ces deux femmes, le temps est mesuré sans pitié« , remarque la réalisatrice en citant l’héroïne du conte servi par la musique toute en légèreté et nuance de Ravel.
Dans La Voix Humaine, un monologue dramatique de rupture amoureuse au téléphone, la soprano voit « une femme qui retrouve sa dignité. Qui dit qu’elle n’a pas de courage, mais qui en réalité en a énormément » et qui, après 40 minutes d’un éprouvant kaléidoscope de sentiments, conclura: « je suis partie« .
« Pour faire son travail de deuil de son amour, elle a besoin de revenir sans cesse en arrière et de donner plusieurs versions de son histoire, et peut-être en changer l’issue: il s’agit à la fois de garder le suspense du temps qui s’écoule et en même temps de raconter cette fragmentation » explique Catherine Dune.
Avec L’Heure Espagnole, « là, c’est l’homme qui s’en sort plutôt bien…« , selon Catherine Dune, qui avoue une certaine tendresse pour le mari cocu et voyeur de la belle et volage épouse de l’horloger, qui reçoit ses amants dans la boutique pendant que son conjoint fait la tournée de réglage des horloges municipales.
« La pudeur de la comédie ou de la féérie masque quelque chose de plus profond et de plus sombre« , selon la réalisatrice, qui indique avoir aimé « faire monter le comique en travaillant le drame, avant de régler la mécanique du rire« .
Denis Rousseau – 9 Avril 2015
Nouvel Obs.com / Le Parisien / L’express / Le Point / France 24
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