Maurice Ravel | D’après le livret de Franc-Nohain
Production Opéra de Tours
L’Heure espagnole, fantaisie cocasse, doit au raffinement de la partition son charme unique. Le livret regorge de sous-entendus et de jeux de mots lestes, donnant vie à cette pittoresque boutique d’horlogerie espagnole, où infidélités, cocufiages et personnalités explosives se croisent et se choquent. L’orchestre génial de Ravel est la grande horloge qui règle cette bouffonnerie.
Mise en scène :
Décors
Elsa EJCHENRAND
Costumes
Élisabeth DE SAUVERZAC
Création Avril 2015 – 3 représentations, les 10, 12 et 14 avril 2015 à l’Opéra de Tours
Dur de devoir applaudir, chargé de tant d’émotion, comme on aimerait « observer » le silence qui s’installe en soi après cette épreuve de transformation. Car ce n’est pas un anéantissement auquel nous convie la musique. Non, pas de gisante, une femme debout. Oui elle a du courage, elle « meurt » droite à son destin après avoir tout consommé, tout soldé. Mais peut être n’est elle morte qu’aux entraves de son amour et la voici de nouveau en pied, elle qui nous était apparue couchée comme une bête blessée. Elle est à nouveau maître de son espace intérieur ,de son radeau devenu navire, larguées les amarres, coupés les liens qui formaient les barreaux de sa cage. Ses draps brûlés de lumière blanche sont comme une pellicule photographique irradiée, surexposée où s’efface toute emprunte du passé. Purification par le feu du chant d’adieu et de renonciation.
Beau l’androgynie du personnage qui rappelle discrètement que ce pouvait aussi être l’histoire d’un homme.
L’Heure Espagnole vient à point délier les tensions de la Voix Humaine. Dans cet atelier tour à tour ludique et inquiétant les personnages tels des automates sortis d’un carillon à échelle humaine, sont (re)tenus par d’invisibles ficelles, suspendus et manipulés par le machiavélique Totor, tout comme ces engrenages, boules et contrepoids qui oscillent entre lumière et obscurité. Comédie horlogère soutenue par un tic tac obsédant, celui d’un pouls qui nous rappelle à la vie.Nicolas Aubagnac